Dans d’autres régions, Séverine et Stéphane auraient immédiatement fait la une. Porte-parole d’un mouvement social. Mais ici, le seul quotidien s’appelle la dépêche du midi. Journal « historique » de la famille Baylet, dont la pointe se prénomme Jean-Michel, aussi président du Conseil Général du Tarn-et-Garonne et président du PRG, Parti Radical de Gauche dont le président pour le Lot occupe la mairie de Montcuq, soutenu aux cantonales par les maires de treize des villages du canton, seuls Fargues et Montlauzun empêchant « une belle unanimité. »
Nul ne sait si les journalistes avaient reçu des ordres... mais dans un tel environnement, l’intervention, la convocation d’un rédacteur, ne sont plus nécessaires, l’autocensure est intégrée au mode de fonctionnement et sont exclus tous faits pensés susceptibles de déplaire. La situation devient caricaturale dans le secteur artistique où le clientélisme balaie tout critère culturel quand il s’agit de subventions ou médiatisation. C’était sûrement inévitable après la déferlante du « tout est culture »...

Il ne faut surtout pas donner de mauvaises idées aux gens : le canton ne va quand même pas devenir un résidu de squatters ! A mon arrivée dans le Quercy, après quelques visites d’expositions et contacts, j’avais noté dans un agenda : « Là où le communisme a échoué, les baronnies pensent réussir. Mais comme dans les régimes communistes, quelques créateurs réussiront à s’exprimer malgré pressions et censures. Ces petits barons doivent quand même regretter de ne pouvoir envoyer dans un ghetto les récalcitrants. C’est peut-être ma voie : être celui qui saura passer entre les mailles du gigantesque filet kitch. »